Voici le roi des instruments, celui dont la forme est issue d’une longue élaboration, la science de générations de luthier. Il est aussi délicat d’en jouer que de le fabriquer. Que nous jouions du violon ou que nous le fabriquions, ceci n’est pas une mince affaire. Cela demande une longue formation, un « toucher » développé par le temps et la pratique. Le violoniste onirique est donc ce « performer », celui qui maîtrise parfaitement son art ou son talent.
S’il s’agit de l’objet lui-même, tout de suite nous savons qu’il a une âme, que son corps est parfait et qu’il a des ouïes (entendre ou respirer). Son chant est envoûtant, le plus beau’ ou le plus répulsif. C’est là le propre des individus de caractère d’accepter de ne pas être appréciés de tous, mais de savoir vraiment se faire aimer et d’apporter à beaucoup d’autres. Le caractère humain du violon est donc manifeste, mais comme sa pratique est ardue, il est autant difficile de devenir un être humain.
Le violon symbolise donc un état de perfection et la difficulté, le long chemin qui mène à cette perfection.
Par analogie négative, le violon peut aussi représenter le système dans lequel un individu peut se trouver enfermé, les astreintes d’une discipline qui gardent l’individu prisonnier. Ce sens se retrouve dans l’expression argotique : passer la nuit au violon. Nous pouvons entendre aussi la souffrance implicite à la pratique de l’instrument : viol, violence’ ou la passion : violon d’Ingres.