Le cauchemar

Photo de la lune et de nuages sombres

La frontière entre le rêve et le cauchemar – si nous devions en donner une – est mince. Le cauchemar est un rêve au contenu désagréable, donc un mauvais rêve. Pour être plus précis, le cauchemar est un rêve qui nous tire du sommeil, la vision produite pendant le cauchemar étant trop insou­tenable ou représentant une mise en danger trop évidente. L’instinct de survie nous tire alors de ce mauvais pas. Le cauchemar est donc plus qu’un mauvais rêve qui ne nous réveille pas forcément.

Les enfants sont plus sujets aux cauchemars que les adultes. Etant plus émotifs, la vision de leurs rêves peut être plus difficile à gérer. Chez les enfants, les cauchemars se déroulent plutôt au milieu de la nuit. Chez les adultes, les cauchemars les plus violents se situent au même moment. Les rêves moins effrayants, ceux qui sont justes pénibles ou difficiles, se déplacent vers le matin.

Quelles sont les causes du cauchemar ?

Il y a toujours une raison à un cauchemar. Un enfant qui est sujet à ce type de rêve a vécu un traumatisme qu’il préfère ou tente d’oublier. Le psychisme humain possède cette extraordinaire propriété de pouvoir enfouir ou refouler dans les profondeurs de l’inconscient ce qui est trop difficile à vivre. Ainsi, un enfant confronté à une scène trauma­tique va effacer de sa mémoire consciente ce qui est ingérable pour lui et enfouir l’événement sous forme d’un langage archaï­que, les symboles. C’est ce que Freud appelle la censure. Cette mé­moire censurée est stockée en attendant d’être exhumée quand l’individu sera devenu un être plus évolué, plus fort, capable de gérer des émotions vives avec son intellect et sa capacité de raisonnement. Ce travail d’enfouissement et de stockage se fait principale­ment par les rêves et la mise en symboles. Plus l’épisode censuré est traumatisant et plus les symboles seront perçus de façon menaçante par l’enfant et déclencheront des cauchemars au moment de leur création. Si ce langage symbolique est incompréhensible de façon rationnelle, il reste très intelligible au niveau de sa charge émotionnelle. Ainsi, le sens et les raisons du cauchemar ne sont pas apparents, mais l’impression pénible est fortement ressentie au moment du rêve. Peu à peu ces cauche­mars vont disparaître, signe que l’enfouissement est achevé. Ils peuvent resurgir, sporadiquement, lorsque l’individu sera confronté à une expérience similaire ou bien quand un environne­ment particulier rappellera le même contexte.

– Le traumatisme de l’enfant n’est pas systématiquement lié à la violence. L’inquiétude et le stress sont générateurs de cauchemars. Un enfant peut avoir le sentiment que son avenir est me­nacé ou incertain s’il devine des divergences chez ses parents et si celles-ci ne sont pas exprimées direc­tement. La crainte de voir se briser la cohésion de la cellule familiale est très inquiétante pour l’équilibre d’un enfant. Elle peut même être terrorisante et absorbante, plus anxiogène qu’un constat de rupture verbalisé.

– D’une autre façon, une trop grande exigence des parents sur un plan scolaire peut mener jusqu’à la dépression un enfant qui a peur de ne pas être à la hauteur, donc de ne plus être aimé. Tout ce qui n’est pas formulé va tendre à le faire par le biais des rêves. Les craintes et terreurs de l’enfant vont donc s’exprimer sous forme de cauchemars. Les parents doivent être très vigilants à ce moment et être présents le plus possible. Il faut rassurer l’enfant et tenter un dialogue si celui-ci est possible.

Le cauchemar chez les touts petits

Après deux ans, les enfants sont très souvent sujets aux cauchemars. C’est une période de très grande sensibilité émotionnelle chez les enfants en même temps qu’une grande capacité à assimiler les concepts plus abstraits par l’acquisition du langage. Ces deux facteurs font que l’enfant va traduire cette intelligence émotionnelle par l’apparition de cauchemars fréquents assez facilement repérable par des manifestations verbales dans son sommeil allant parfois jusqu’au réveil. Tout ce qui fascine l’enfant dans la journée peut se transformer en vision de rêve déformée et extrêmement pénible. Aussi, cette période est connue pour être particulièrement sensible et prédisposant l’enfant à faire des cauchemars. Son intelligence lui permet d’élaborer et de construire un imaginaire extraordinaire. Malheureusement, cet univers dont il est le démiurge peut lui échapper dans la réalité (crocodiles sous le lit, monstres dans le placard, yeux qui regardent dans la nuit) et encore plus la nuit, dans son univers onirique.

Les parents percevant ses signes chez leur enfant peuvent veiller à ne pas l’exposer à ce qui le fascine ou terrorise dans la journée jusqu’à ce que l’enfant puisse contrôler son imaginaire. Ils doivent aussi veiller à respecter la sensibilité de leur enfant par une bonne écoute des signaux que celui-ci leur envoie. Cette période peut donc commencer après les deux ans de l’enfant pour durer quelques mois.

Verbalisation

Un enfant qui rêve de monstre a été confronté à un événement monstrueux ou à une personne dont il a jugé le comportement monstrueux. Il est bien évident que la notion de monstruosité est relative à la sensibilité de l’enfant. Chaque individu réagit de manière différente face à un événement. Plus l’enfant sera capable de verbaliser les causes de sa frayeur nocturne, plus il chassera de lui le sentiment d’oppres­sion et de terreur qu’il est en train d’assimiler en voulant le cen­surer. Les parents attentifs devraient encourager l’enfant à verbaliser les images du cauchemar pour démonter la charge émotionnelle et lui permettre d’évacuer sa peur – la sortir de lui – tout en se sentant entendu au travers de ces images.

Cependant, comme ces cauchemars vont finir par s’estomper dans un laps de temps plus ou moins long – quand l’enfouissement est achevé – les parents sont rassurés et finissent par oublier ce moment de désagrément. Or, ces cauchemars vont réapparaître, de loin en loin, pour disparaître totalement pendant un temps variable. Ils reviendront de façon précise quand il est impératif pour l’individu de se libérer de souvenirs pénibles qui encombrent l’inconscient et qui entravent une évolution normale.

Etats privilégiant le cauchemar

Une explication commune du cauchemar est qu’il est dû à une mauvaise digestion. Effectivement, les mauvais rêves se produisent souvent à ce moment-là. Toujours par analogie, nous pourrions dire que cette mauvaise digestion alimentaire rappelle une difficulté à ingérer un événement. C’est une expression cou­rante : on a du mal à avaler ça. Le malaise physique ressenti à ce moment est similaire au malaise vécu auparavant par l’enfant incapable d’assimiler un événement douloureux. Toute mise en situation analogique possède un pouvoir évocateur qui ramè­ne l’individu à ses expériences antérieures.

Les cauchemars sont aussi très fréquents avec la fièvre. Ici encore, le malai­se physique peut être le déclencheur. La fièvre est aussi désinhibitrice. Ainsi, des barrages mentaux peuvent sauter, d’autant plus facilement que la fièvre est forte, et libérer des images pénibles ou terrifian­tes, habituellement refoulées et contenues dans un espace psychique inaccessible.

Par extension, nous pourrions dire que tout état de malaise physique ou psychique est favorable à l’apparition de cauche­mars venant confronter l’individu à des terreurs anciennes possédants la même charge émotionnelle.

Le cauchemar est donc le plus souvent une réminiscence émotionnelle de l’enfance. Chez l’adulte, ils sont souvent le signe d’un blocage émotionnel ou affectif contemporain, mais entrant en résonance avec une période difficile de l’enfance.

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